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Vaut-il Mieux Ressentir la Douleur Que de Ne Rien Ressentir du Tout

Le dilemme?

Cela m’a fait réfléchir...

Je ne peux m’empêcher de me demander : à quel moment avons-nous décidé qu’il valait mieux ne rien ressentir que de ressentir quelque chose ? Dans un monde où nous recevons des notifications pour tout, rythme cardiaque, pics de dopamine, likes, messages, pourquoi sommes-nous si prompts à mettre nos alertes émotionnelles en sourdine ?

J’ai eu une cliente, appelons-la Jenna, qui est entrée dans mon bureau et m’a dit : « Je ne veux plus rien ressentir. » Le chagrin, la déception, la douleur du rejet ; elle voulait tout effacer.

« Je préfère être insensible », a-t-elle dit, croisant les bras comme une femme refusant de participer aux petites cruautés de la vie. Et je la comprenais. Oh, comme je la comprenais. Mais voilà le truc avec la douleur : c’est comme une alarme incendie. Agaçante ? Oui. Mais aussi salvatrice. Parce que même si on déteste l’entendre, c’est justement ce qui nous empêche de rester dans un bâtiment en feu.

La neuroscience est d’accord. La douleur est la façon qu’a le cerveau de dire « Hé, il y a quelque chose qui nécessite ton attention ». Quand on anesthésie la douleur, que ce soit par l’évitement, l’automédication ou en faisant défiler une mer infinie de mèmes, on anesthésie aussi la capacité de guérir. C’est comme bloquer sa carte bancaire parce qu’on a peur de regarder son solde. Le problème ne disparaît pas simplement parce qu’on refuse de le voir.

Prenons Noah, un autre client. Il avait perfectionné l’art de l’évitement émotionnel. Il disparaissait avant qu’on ne le fasse disparaître, s’engourdissait dans le travail, et portait l’apathie comme un costume de créateur. Le résultat ? Il n’était pas dévasté, certes, mais il n’était pas heureux non plus. Parce qu’on ne peut pas anesthésier ses émotions de façon sélective. On engourdit le mauvais, on engourdit aussi le bon.

Des études montrent que notre réponse à la douleur et notre réponse au plaisir proviennent des mêmes voies neurochimiques. Quand on supprime la tristesse, on supprime aussi la joie. Quand on évite l’inconfort, on évite aussi la croissance. Le système nerveux ne fait pas la différence entre « Oh, baissons juste le volume du chagrin mais gardons l’excitation à fond ! » Non. C’est tout ou rien.

Alors, peut-être que la douleur n’est pas l’ennemi. Peut-être que la douleur est simplement le panneau qui indique une direction à explorer. Peut-être que la douleur est le GPS qui nous recalcule l’itinéraire quand on est perdu. Et peut-être que la chose la plus courageuse à faire n’est pas d’éviter la douleur, mais de s’asseoir avec elle, de la ressentir, d’en apprendre.

Jenna l’a finalement fait. Et ce faisant, elle a trouvé quelque chose d’inattendu de l’autre côté : de la clarté, de la résilience, et, oserais-je dire, de l’espoir. Parce que la douleur, lorsqu’on la reconnaît, se transforme. Et même si l’alarme incendie est bruyante, au moins elle nous rappelle que nous sommes bel et bien vivants.

Et n’est-ce pas là tout le but ?

 
 
 

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